28/02/2013

Rien à faire, ressentir...


On sous-estime les avantages du passage du temps. Probablement parce qu'avec les années, les pertes sont visibles, du coté physique surtout, alors que les gains sont beaucoup plus subtils.

Pour qui vient de s'échouer sur les berges de la cinquantaine par exemple: avouez;


La mise de coté de plusieurs angoisses existentielles. 

L'appréciation montée comme une meringue de tarte au citron, des tous petits plaisirs du quotidien. 

Le regard qui se tourne vers les merveilles de l'intérieur. 

Ébahissement bien plus facile face à la Nature, la perfection de la framboise et certains cieux dont la technique 3D si moderne n'est pas à la veille d'être l'ombre de ce que le ciel d'une soirée de mai sur le bord du lac Champlain peut offrir.

On est plus imperméable aux coups du sort, peut-être plus apte à voir la beauté au milieu d'une tempête, plus calme. 


Moins mécanique, plus organique je dirais.

Mieux (S') aimer. 


Zyeuter, sourire en coin, sa petite personne, pour ce quelle est, sans plus. 

Comprendre que l'épuisante application de la volonté personnelle au bout du compte, n'en donne pas davantage que la naturelle installation de la volonté de la Vie.

On le dit peu, comme un secret un brin honteux, mais la plupart de ceux et celles qui ont les orteils dans l'eau du dernier tiers de leur vie sont prêts à l'admettre tout bas: il est plus facile de vivre et d'être heureux aussi, sur le flanc descendant de la montagne de temps qui nous est alloué.

Bien sûr, la jeunesse performe. Mais s'en éloigner n'est pas mourir à petit feu. 


C'est souvent, seulement, se dévêtir d'un plastique brillant pour entrer dans les douceurs veloutés du plus tranquille.

Ce matin, ma ville est blanche et mon café corsé. Besoin de rien d'autre.

Tout est bien.


"Devient ce grand Oeil fixe, ouvert sur le grand Tout".
Victor Hugo