01/09/2011

Septembre, l'heure est à Buzzati...



(Lu quelque part): Le Beau, selon Beaudelaire: 

"Quelque chose d'ardent et de triste, quelque chose d'un peu vague, laissant carrière à conjecture..."

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J'adoooooore.

Il y a des auteurs ardents et tristes et s'il en est un dont les mots laissent carrière à conjecture, c'est bien ceux de Dino Buzzati.

Réglons d'abord une chose ou deux. Un type dont le nom de famille commence par BUZZ a en partant toutes les chances de devenir mon ami. 


Parlant de noms de famille "musicaux" (fait le-)Beau, (fait-)Delaire, n'est pas mal non plus.

Ensuite; il y a des saisons pour tout; le spaghetti gratiné, plein d'une sauce aussi épaisse que piquante, ne s'offre pas en pleine canicule. Et les rouleaux du printemps ne font pas le réveillon de Noël idéal. 


Il faut savoir lier les choses avec l'époque qui les habille le mieux. Il en va de même pour certains livres et certains auteurs. Désolé de défier aussi directement ceux et celles qui l'ont lu en vacances d'été, mais Guerre et Paix est une lecture d'hiver, un lecture de sous la couverture quand la lumière naturelle disparait tôt comme l'espérance de vie des jeunes russes dans la marche des troupes de Bonaparte vers Moscou. 

De la même façon, Cent ans de Solitude doit se lire l'été, entre quelques moustiques et un taux d'humidité qui rappelle la forêt colombienne. 

Et si vous en êtes là, Marc Levy peut être lu à l'année, si c'est dans votre bain. Levy et la mousse de bain aux agrumes, ça me semble siamois.

Dino Buzzati donc. 


Je m'excuse d'avance de contrecarrer aussi bêtement vos plans de lecture, mais Septembre venu, il faut ou bien relire le Désert des Tartares ou biens se payer ses lumineuses petites Nouvelles Inquiétantes. 

Septembre c'est un jalon, une étape. On change de saison le 21. C'est la rentrée. On enlève l'horreur de la fenêtre qui crée l'air froid. On recommence à faire de l'oeil aux vins corsés (pour oublier que les femmes se couvrent davantage). L'âme sort sa pancarte "direction Casanier" et fait du pouce.

Bref: Septembre est un mois qui, comme les textes de Buzzati, laisse carrière à conjecture.

Qu'on se comprenne bien. Buzzati n'est pas Victor Hugo. La Pléiade n'en fera jamais ses choux gras. Il ne peut plus espérer un Nobel de la Littérature posthume. C'est d'abord un journaliste. Mais voilà:

Ses textes laissent carrière à conjecture !!!

Je vous le demande Mesdames. Si deux hommes vous invitaient au restaurant le même soir, choisiriez-vous le milliardaire confiant et verbeux, remarquable de prestance mais bon, un peu fat... ou bien l'un peu timide au veston un brin fripé vers le bas du dos, qui vous bercera d'une conversation décousue mais vive, éclatée, avec moultes pauses pour vous écouter raconter les roches de vos chemins ? 


Un homme qui vous dirait entre le homard et le dessert: 

"Mademoiselle, vos yeux laissent carrière à conjecture..."

Rassurez le Buzzatien que je suis et choisissez l'option B, sans quoi je me fait moine. 


Et un mauvais.

"Frère Zouk, qu'avez-vous ? Vous ne récitez pas vos prières ?"

"Mais mon Père, n'avez-vous point remarqué combien le Notre Père est un texte laissant piètre carrière à conjecture ???".


"EXCOMMUNICATUM ZOUKPLOUFUM !!!"

Amen.