03/10/2011

la vie et La Vie



Il y a la suite des moments, qui emplissent le temps, qui passent sans trop de magie; on fait l'épicerie, on mange, on dort, on travaille en répétant les gestes archi-connus... et on recommence le lendemain.

Et il y a les rapides et subtiles ouvertures, des trous dans l'ordinaire, qui font voir que la vie, La Vie, est bien plus vaste que l'impression qu'on en garde au quotidien. Les moments de Déjà Vu, les Rêves Prémonitoires, le Chanelling, l'Unité de ce qu'on voit fragmenté... 

Ce genre d' "accidents" me fascine.

À 12 ans par exemple, un soir comme un autre, "je" suis sorti de mon corps à un moment donné pour aller flotter au-dessus de la porte de ma chambre et regarder dormir un type dans le lit de ma chambre. Ce garçon c'était moi. Confusion donc, et puis une inquiétude grandissante de ne pas pouvoir revenir dans ma chair d'emprunt, d'où mon retour précipité dans ce petit corps. Fin de l'extase.

Mais bordel, quelle F-A-B-U-L-E-U-S-E expérience.

Et quel magnifique cadeau de la Vie, si jeune, de réaliser qu'on est pas le corps et qu'on peut très bien, mais vraiment Très Bien, vivre sans lui. Effacer déjà, à 12 ans, avant même de lire le premier des dizaines de livres sur les sujets bonbons qui briquent la business du Nouvel-Âge, la mystique épeurante de la mort, c'est pas rien.

Le drôle de l'affaire c'est que dans les années suivantes, j'ai fait toutes sortes de tentatives et d'exercices pour répéter ce genre de sortie, sans jamais y parvenir. C'est comme bien d'autres choses dans la vie. L'amour par exemple diront certain-e-s; quand on le veut il se cache, et plus tard ça nous arrive alors qu'on n'attend plus.

On se lève et on se prépare un café. Et on s'apprête machinalement à re"v"ivre une journée, re"v" comme dans rêve... et "ivre". Étymologie intéressante, signifiant loin de la lucidité. On va et on fait, sans trop y penser, sans questionner la réalité du temps, sans curiosité, autrement qu' épisodique pour les autres niveaux de conscience, à peine perçus, comme une minuscule voix, présente mais si faible.

Mais toujours présente.

Il y a chez tout le monde je crois, au milieu de l'être, de l'âme si vous préférez, un petit gazouillis lumineux qui ne cesse jamais. Et qui est un rappel que la Vie est bien plus grandiose que le prêt-à-mâcher dont on se contente en ronflant.

On est des vivants qui ont oublié qu'on est des Vivants.