27/04/2011

Victor et ses amis

Il y a des phrases qui vous dispensent de lire 22 livres.

Des dires, des proverbes, des rimes, des pensées, des conneries... La finesse d'esprit m'a toujours beaucoup plu pour ça. Quelques mots malins, quand ils sont bien choisis, peuvent résumer toute une philosophie de vie. 
Je me souviens, plus jeune, de ma période Nouvel Âge. On en a tous eu une comme ça j'imagine. Pas prétentieux du tout, je cherchais dans les livres des réponses à de petits détails du genre "Comment fonctionne l'Univers", qu'en est-il de la "nature du Temps", la "Vraie Nature de la Réalité" c'est quoi ?

Ça commence doucement à 6-7 ans quand on perd un hamster ou dans mon cas, une tortue (Dieu est vraiment partout dirons nous; c'est une tortue qui m'a ouvert le chemin de la spiritualité !), enfin bref, on commence par se demander qu'est-ce qu'il y a après la mort, et 20 ans plus tard, on achète toute la business du Nouvel-Âge pour un temps, et on devient 10% Yoga, 10% Bouddha, 10% Végétalien, 10% Mantra, 10% Tarot, 10% Astrologie Karmique, 10% Guru, 10% Visualisateur, 10% Chanteur de Psaumes et 10% Gita. Et un matin on lit cette phrase du Père Hugo: "

"Devient ce grand oeil fixe, ouvert sur le grand tout !"

Et on se dit, juste là; Fuck ! (Ou Fudge, pour les oreilles sensibles, c'est ça, "Fudge", oui je me souviens, j'ai dit "Fudge")... j'ai lu 22 livres pour rien. TOUT est là !

C'est ça le génie. C'est être capable de mettre 22 livres dans une phrase.

Les Français ont eu de brillants esprits et causeurs au fil des siècles. Bien sûr le majestueux Hugo, qui, un jour, au faîte de sa gloire, ayant développé un sentiment tout tendre pour une jeunesse de 16 ans en avait résumé les aléas par: "... car le baril de poudre a peur de l'étincelle". 

Hugo, auteur aussi du plus court échange épistolaire de l'histoire. Un jour son agent part en voyage avec le manuscrit de "Les Misérables". Des mois sans nouvelles plus tard, il envoie à celui-ci le télégramme suivant: "?", auquel il a reçu la réponse suivante: "!". J'ai lu ça dans le livres des records Guinness. Il est vraiment partout celui-là.

Un jour qu'il lisait une critique négative d'un de ses textes, il dit simplement: "Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleur sur la tête du cinquième étage et qui vous disent: je vous offre des roses !" Et Toc, comme dirait Gaston. 

On lui avait reproché de se contredire parfois, ce à quoi il répondit: "Je me contredis pour être certain d'avoir tout dit !" M'est d'avis qu'il avait une haute opinion de lui-même.

Enfin bref, Hugo.

Et puis, Voltaire, Cocteau, (Tristan) Bernard, Jules Renard, Prévert et d'autres. Un des mes préférés a toujours été Alphonse Allais.

Pour son alcoolisme gai (on est mieux assis que debout et vermouth cassis),
Pour son brin de délire (les pommes de terre cuites se digèrent mieux que les pommes en terre cuite),
Pour sa grandiloquente poésie (la grêle, ce conglomérat formé d'eau gelée, qui, précipitée d'une notable hauteur, abusant lâchement de la loi de la chute des corps... chaque grêlon constitue à lui seul un petit Attila, des seuls vitriers bénis, mettant à sac les promesses de moissons ou vendanges, et même - car le bougre ne recule devant rien - les moissons et les vendanges en personne; Grela Campagnardibus Detestata !)  
Son sens du ridicule: (Ce n'est pas pour me vanter mais il fait drôlement beau aujourd'hui)
... et son sens de l'auto-dérision (il décrivait ainsi ses études:"Je menais une vie d'étudiant d'autant plus douce que j'en avais banni les formalités les plus ennuyeuses, entre autres, les cours à suivre et les examens à passer").

Allais, croisant un jour un homme rougeaud à l'abondante chevelure blanche: "Tiens, une tomate sur laquelle il a neigé."

Merveilleux Allais. 

Mais, et surtout, Sacha Guitry, qui aurait pu leur enseigner à tous, l'Art du mot d'esprit. Guitry, dont le nom en gaélique, veut dire je crois, "c'est pour un autre blog".

Allez Bozo, on va se coucher. 










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