Je connais peu Dame Poésie.
Je sais qu'il y en a de l'Obscure. Du genre Mallarmé :
"Oh Saisons, oh Châteaux, quelle âme est sans défauts ?" Saisons et châteaux ? À la limite untel peut donner un sens personnel à "quelle âme est sans défauts ?" du genre: "Ben, aucune", mais pour le reste…
Il y a les grands et les grandes. Hugo et ses "Feuilles d'automne" par exemple. C'était un vrai celui-là. Il a écrit: "Deviens ce grand oeil fixe, ouvert sur le grand tout". Peut-être la plus vaste phrase qui soit. C'est, par exemple, il y a dans ces 10 mots presque toute la spiritualité du monde. Le génie ne s'achète pas chez Walmart mettons. Mais Hugo c'est aussi beaucoup de prétention. Un égo bien nourri par son auteur. Il s'aimait bien le grand Victor. Me souviens plus qui disait que la façade de Notre-Dame de Paris formait de H de Hugo avec ses tours. Peut-être lui-même.
Parmi les accessibles de qualité: Alfred de Musset. Un peu fou, parfois scabreux. Vous irez lire ce petit poème qu'il a envoyé un jour à George Sand et qui débute par : "Vous qui venez ici, dans une humble posture…" Comme quoi tout le monde a le droit de s'amuser.
Et puis les 33,333 autres.
Mais il y a en un qui assume une inscrit une solide empreinte de pas dans tous ces styles à la fois, obscur, mets-en, et qui me fouette de ses images avec vigueur à chaque fois que je lis quelque chose de lui. Arthur Rimbaud. Parce que ça ne me semble pas être écrit pour être compris autant que juste être beau. Un électron libre mort à 37 ans.
Le type un jour a pris une plume et a déposé sur papier ces mots: "L'étoile a pleuré rose…"
Je ne sais pas pour vous, mais moi, quelqu'un qui commence un texte par "L'étoile a pleuré rose…" ben j'ai le goût d'être son ami. Pour la vie.
Rimbaud s'amusait à décrire les impressions que créaient chez lui les voyelles ou certaines couleurs. "L'étoile a pleuré rose" est à mon avis ce qu'il a fait de mieux. Spacial et signifiant. Ça vous réconcilie avec l'Humain qu'un cerveau quelque part soit capable d'écrire de telles strophes.
De mémoire:
L'étoile a pleuré Rose, au coeur de tes oreilles
L'infini roulé Blanc, de ta nuque à tes reins
La mer a perlé Rousse, à tes mammes vermeilles
et l'homme a saigné Noir à ton flanc souverain.
Pas beau ça ? Vous m'excuserez d'être un peu commun, mais je trouve que c'est d'la poésie en Ta !
Allez tout le monde: à 3 on fait une rime… 1… 2...
Vous venez de réaffirmer ma conviction que la poésie peut changer le monde...
RépondreSupprimerMerci pour cette touche de rose dans ma journée...
Bonjour Dame. Belle et rare visite.
RépondreSupprimerMon étoile vous sourira rose, quand vous voudrez...